SALEM RÉNYON
La Réunionnaise Christine Salem, diva du maloya, bande-son de son île héritée des esclaves, nous avait déjà, par le passé, habitués à frotter ses racines et l’héritage de ses ancêtres, à d’autres galaxies – blues, rock, etc. Ici, elle pousse encore plus loin ses explorations musicales en formant, autour de sa voix terrestre et habitée d’esprits, un quintette all-star, composé d’artistes rôdées aux jazz et impros tous azimuts : un objet hybride 100% féminin. Aux fondations, Fanny Lasfargues (Noël Akchoté, Akosh S…), chemins hip-hop et rugissements noise, joue la carte « groove » et assure les ancrages au sol, avec sa basse électro-acoustique, augmentée d’effets électroniques. Aux tambours à peau, frappés à pleines paumes, la percussionniste et ethnomusicologue Anne-Laure Bourget (Orange Blossom, Mohamed Abozekry, Sahariennes…), complice de longue date de la chanteuse, apporte sa connaissance plurielle et vagabonde des rythmes d’Orient et de ceux de la planète. Aux baguettes ternaires, la brillante batteuse réunionnaise Héloïse Divilly (Oriane Lacaille…) recentre le tempo autour du pouls si particulier de son île. Enfin, dans ce chaudron, la guitariste Tatiana Paris (Thomas de Pourquery, Théo Ceccaldi, Sandra Nkaké…) distille ses notes précieuses, délicates, et mûrement pesées.
Autour de cette âme, de ce feu commun que sont les chansons de Christine Salem, en Créole et dans la langue de ses ancêtres, portées à plusieurs voix féminines, ces cinq virtuoses sensibles s’organisent, en toute liberté et en toute intuition, pour donner naissance à cette terra incognita, cette entité mouvante sur fond maloya, cette musique créole tressée de leurs identités respectives, ici réunies. Et nul doute que sur scène, cette aventure pimentée et audacieuse ne décolle vers des territoires incongrus, abrasifs, spirituels, blues, rock, féminins et sacrés… L’épopée « Salem Rényon ! »