Rebetiko, la mauvaise herbe de David Prudhomme

Pour notre tout premier coup de cœur en bande dessinée, nous avons choisi pour vous Rebetiko, la mauvaise herbe de David Prudhomme.
Parce qu’elle rend hommage à une musique méditerranéenne qui nous est chère, régulièrement programmée sur la scène de la Cité de la Musique ; parce que quinze ans après sa sortie, cette BD auréolée de nombreux prix et d’un succès public comme critique demeure un véritable jalon dans le domaine qui nous intéresse : comment la bande dessinée raconte la musique et le son.
Sous le soleil brûlant d’une Athènes des années trente puis plongé dans la nuit interlope de la ville, on suivra les rébètes ces musiciens marginaux (mauvais garçons ou filles indépendantes et rebelles) qui « font la vie », chantent et dansent au son du bouzouki, du santouri et du baglama.
Entre poésie, bastons et traits d’humour se déploie un véritable art de vivre bohême et un répertoire singulier qui chante l’amour et la mélancolie, les peines de cœur et l’ivresse dans les bars clandestins, dans les rues de la ville – et dans ses cachots aussi parfois.
David Prudhomme s’est nourri d’une riche documentation dont il témoigne en fin d’ouvrage.
A la lecture de cette BD, on est emporté par cet Orient des grecs peuplé de personnages forts et éminemment libres.
Si le rebetiko vit encore dans ce grand corpus de chansons urbaines et populaires (il est inscrit depuis 2017 sur la “Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité” de l’UNESCO), le dessin vibrant et élégant de David Prudhomme rend à merveille l’ambiance et la beauté canaille d’un passé révolu.