Bruno ALLARY

De son immersion précoce dans les univers distants de la guitare jazz et flamenca, Bruno Allary tire la singularité de son langage créatif. Ce double apprentissage musical, tissé d’héritages et savoirs contrastés, nourrit un goût vibrant du divers, du multiple, du composé ; transforme le métissage des pratiques artistiques en idiome naturel ; instaure, enfin, un rapport intime et sensible aux pratiques vocales de Méditerranée.

En guitariste attentif, il met cet amour du chant au service des voix qu’il accompagne sur scène, un rôle d’équilibriste passionné qu’il remplit dix années durant. À côté de l’instrumentiste, la création de la Cie Rassegna (2002) révèle le rassembleur et l’homme de projets. Elle donne corps à une démarche plus personnelle, qui s’attache à faire vivre la diversité des musiques populaires de Méditerranée en y traquant les passages, échos et résonances, dans l’espace et dans le temps.

Cette dynamique de création se poursuit avec les formations successives de ZAMAN Fabriq (2008), Anis del Mundo (2010) et de Nassîm ou les quatre Vents (2012).

À présent, ces entités évoluent  au sein d’un cadre unitaire, l’Ensemble Multitudes, dont le nom traduit au plus près l’idéal, et dont Bruno Allary fait son laboratoire d’intentions. Car ces projets et réalisations sont autant de lignes de fuite d’une pensée nomade, et d’une quête artistique à plusieurs entrées.

La première et la plus apparente : une réflexion traversante sur l’idée de croisement, un regard oblique porté sur des musiques, des patrimoines, des sensibilités propres à l’espace Méditerranéen.

Mais en creux de cette démarche, comme un fil essentiel et discret, on lit la patiente exploration d’une esthétique de l’entre-deux, une sensibilité particulière aux passages, aux interstices, aux zones de turbulence — entre ombre et lumière, modal et tonal, acoustique et électrique — et la mise en tension de ces pôles antagonistes comme moteur de création.

Mais ces aspirations, longtemps mises au seul service du collectif, servent aujourd’hui un désir plus personnel de création, matérialisé en 2013 par la réalisation de l’album d’Isabelle Courroy (Confluence #1, Buda Musique, 2014), et depuis 2015, par un travail de recherche et d’écriture autour de compositions personnelles « Les intensités immobiles ».