Tintamarres : Philippe Mion

 

Philippe Mion est présent dans les collections de la Médiathèque par ses œuvres musicales et ses écrits – au nombre desquels figure “L’envers d’une œuvre”, ouvrage de référence s’il en est dans le domaine électroacoustique. Pour visualiser ces documents, vous pourrez faire un tour sur notre portail .

De la transmission…

Parallèlement à son activité de compositeur, depuis 1979, Philippe Mion enseigne. Ses interventions pédagogiques s’adressent aux jeunes enfants comme aux adultes (étudiants dans les conservatoires, écoles de musique, École Normale et écoles d’art…).

Quand il écrit un article sur la pédagogie musicale en électroacoustique – cf l’ouvrage ci-contre publié cet été par l’INA GRM  Philippe Mion lui donne pour titre : « Aventure d’enseignement, aventure de partage ». Voilà qui donne le ton.

Lorsqu’à l’invitation de Jean-Michel Ponty et Roger Cochini il intervient en 2014 à l’École Nationale Supérieure d’Arts de Bourges pour parler de “L’analyse perceptive et la composition” il propose aux étudiants ce chemin :

“Comment analyser des œuvres musicales, radiophoniques, ou plus généralement sonores, qui ne présentent pas de partition. (L’analyse d’une partition est-elle l’analyse de l’ œuvre?) L’analyse se conçoit alors comme une enquête sur notre “point de vue d’écoute“ et une recherche à la fois exigeante, amusante et roborative d’un vocabulaire précis pour l’exprimer et le faire partager. Le relevé graphique (distinct de la partition) comme approche et distorsion intéressantes de l’écoute.
L’analyse comme deuil d’une écoute innocente, mais aussi comme ouverture à un travail souterrain, inconscient sur la composition.”

Soit l’analyse comme une “enquête exigeante” comme il se doit, mais non sans plaisir, amusement et étonnement.

Le saviez-vous ?

Philippe Mion s’intéresse au Tour de France. Il est ainsi l’auteur d’une belle analyse du “Tour de la France de Vincent Lavenu, dossard 157” dans l’ouvrage consacré au magicien des ondes Yann Paranthoën “L’art de la radio”.

Philippe Mion aime lire, cite et nourrit sa musique de textes et rencontres littéraires. On croisera donc chez lui Henri Michaux, dont l’univers visiblement ne le lâche pas : de sa pièce L’Image éconduite (1983-84) avec Marin de Charrette en récitant, à Je joue pour faire de la fumée, oratorio électroacoustique créé  lors du Festival Novelum à Toulouse en 2013 d’après Premières impressions, extrait de Passages, dans le cadre du festival Journées électriques du Gmea (Groupe de Musique Electroacoustique d’Albi).

On croisera aussi Camille Laurens, dont le projet radiophonique Tissé par mille” diffusé sur France Culture de 2005 à 2006 devient un livre, puis, augmenté d’un habillage sonore, un disque : “Après avoir écouté Camille Laurens, Philippe Mion lui a proposé de créer une mise en scène musicale à partir de ses chroniques sur les mots. Il a repris certains textes de la radio, en a enregistré d’autres. La musique électroacoustique, très présente, sème le trouble dans l’écoute. Chacun des dix-sept mots de cette nouvelle création devient un drame, nous intrigue, nous suspend au moindre bruit. ” (Source : Gallimard”)

On croisera encore Roland Barthes, le poète écrivain et essayiste Philippe Beck, le dramaturge norvégien Jon Fosse, et bien sûr Philippe Minyana qui signe le livret de l’opéra acousmatique “Leone” : “Ma rencontre avec Philippe Minyana a été un véritable coup de foudre, j’ai immédiatement pensé que j’avais à faire avec cet écrivain”.

La Florentine, La Garnier, La Manon, Les idées heureuses…

A l’instar de François Couperin au XVIIIème siècle, et d’une certaine tradition française de l’art du portrait sonore, quand Denis Dufour illustre un trait de caractère de son ami Philippe Mion, ça démarre comme ça : écoutez voir…

Le disque est à votre disposition chez nous, ainsi que…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Générique de fin : “Des jambes de femmes tout le temps” (1997)

“Dans ma musique sans aucun doute, quelque chose d’autre que la musique participe de mes choix initiaux. (…) Mes rêveries urbaines d’une enfance de rez-de-chaussée avec chambre sur rue ont probablement à voir avec ce goût pour un tel laconisme sonore : les pas de piétons le soir, inlassablement écoutés dans le noir” (Philippe Mion, livret de “Si c’était du jour”, 1985).

Bruits de talons et de pas sur l’asphalte, cinéma pour l’oreille.

En égrenant les titres de Philippe Mion, on pense alors à Bertrand Morane, personnage de François Truffaut incarné par Charles Denner : “Les jambes de femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie.”